Ces CTO qui ne dorment jamais (chez vous) : la montée en puissance du « tech lead partagé »
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17/04/2025
Il n’a pas de bureau attitré parfois même pas de photo dans l’organigramme. Et pourtant, c’est lui qui pilote la feuille de route tech, arbitre les choix d’infrastructure ou recrute les premiers développeurs. Le “fractional CTO” – ou CTO à temps partagé – s’impose comme l’un des profils les plus convoités de l’écosystème startup. Mi-consultant, mi-dirigeant, ce “cadre volant” loue son expertise stratégique à plusieurs entreprises en simultané. Une forme d’« ubérisation » discrète mais bien réelle des fonctions exécutives Tech, qui connaît une accélération fulgurante depuis 2022.
Un modèle né dans la Silicon Valley, adopté en France
Né aux États-Unis dans les cercles de la Silicon Valley ou de New York, le concept s’est peu à peu diffusé en Europe. En France, des plateformes comme Malt, Kicklox ou Open CTO ont contribué à structurer l’offre, avec des profils souvent seniors, parfois ex « chef de produit » ou DSI de scaleups, qui préfèrent la souplesse du « freelancing » aux contraintes induites par les postes du « top » management.
Accéder à l’expertise sans exploser la masse salariale
Pour les jeunes pousses, c’est une solution pragmatique et le phénomène n’épargne pas les territoires qui commencent à réfléchir à cette approche hybride, moins dépendants de la géographie. Mais le modèle soulève aussi des limites. Peut-on incarner une culture produit à distance et en conserver le lead ? Former une équipe tech sans être là au quotidien ? Certaines entreprises choisissent de basculer vers un CTO permanent dès qu’un cap de croissance est franchi. D’autres prolongent le modèle en y ajoutant un relais local – lead dev, chef de projet – pour ancrer les décisions dans le quotidien.
Un modèle qui interroge l’avenir.
Cette dématérialisation du leadership technique pose aussi une question de fond : où se construit l’innovation si les cerveaux stratégiques sont mobiles, fractionnés, parfois invisibles ? Pour des territoires parfois confrontés à une pénurie de talents experts, le modèle peut être un levier d’accélération. À condition de ne pas devenir une simple « rustine ». Car si le CTO freelance structure et guide, il ne remplace pas l’effet d’entraînement d’un leader enraciné. L’enjeu, pour les écosystèmes locaux, sera donc d’équilibrer le recours à l’externalisation et la montée en compétence des talents sur place, sous peine de voir s’installer une “dépendance invisible” à des expertises extérieures.