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Madeleine de pro : Sébastien Vray dirigeant de EZIO

Sébastien Vray

07/03/2023

Et si on découvrait une entreprise de la communauté sous un angle nouveau ? Mettons de côté les « metrics » pour se concentrer davantage sur l’humain et la raison d’être. Cette rubrique, on l’a baptisée « Madeleine de pro » en référence à la célèbre madeleine de Proust ! Pour l’écrivain, c’est une simple madeleine qui lui fait réactiver un souvenir fort en mémoire. De la même manière, on a supposé que chaque entrepreneur avait le souvenir d’un moment clé de son parcours. Une sorte de musique intérieure qui le ramène toujours, malgré les obstacles, à son identité entrepreneuriale. Cette semaine c’est Sébastien Vray, dirigeant d’Ezio qui se confie. Un entrepreneur authentique qui porte sa qualité jusque dans son nom de famille. Ça ne s’invente pas ! Rencontre avec un VRAI passionné  de la création.

La French Tech Vendée : Bonjour Sébastien, tu es le fondateur d’Ezioune solution de paiement pour les aidants professionnels mais ce n’est pas ton 1er essai entrepreneurial. Avant ça, il y a eu Courseur, un service de livraison collaborative, Respire, une association de prévention et d’amélioration de la qualité de l’air et même un bar électro /bio à Paris. Un seul homme mais une multitude de projets … tu nous aides à relier tout ça en partageant ton parcours ? 

Sébastien Vray : Le lien est assez facile… en fin de compte, je suis un bâtisseur. Le genre de gars qui observe constamment les trucs un peu pénibles de la vie en se demandant : que pourrait-on faire pour automatiser, améliorer, faciliter les choses ? ça n’existe pas ? Alors faisons-le !

Après mon bac, je suis partit aux Etats-Unis. A l’époque, je tenais un journal que j’ai relu longtemps après : j’y pestais contre les américains et leurs gros 4X4 alors que le dérèglement climatique était déjà dans toutes les bouches. C’était il y a 20 ans ! Après cette césure à l’étranger, j’ai entrepris des études en communication politique et publique, pas pour entrer dans une entreprise mais dans l’idée de bosser plus tard dans des ONG. J’ai commencé ma carrière comme chargé de com' à WWF France, un job extra qui n’a fait que renforcer ma fibre environnementale. J’étais jeune et animé par un grand désir de changement du monde.  Au bout de 3 ans, je me suis rendu compte que la résolution des problèmes n’allait pas assez vite pour moi. Avec un ami, on a décidé de créer une société d’études économique traitant les grands sujets environnementaux sous l’angle de la data. On analysait des données pour faire des rapports à destination des entreprises et des militants, convaincus que l’acte de décision se prend plus facilement quand les enjeux économiques sont compris. Puis en 2010, j’ai fondé Respire une ONG sur la qualité de l’air qui a connu une médiatisation assez importante. Toutes ses expériences m’ont appris une chose : l’impact, ce n’est pas juste une pancarte dans la rue. Il faut établir des stratégies d’influence, de communication, de création de contenu pour être entendu au national. Mon militantisme spontané a progressé vers un militantisme organisé et économiquement viable. Je suis l’exemple même de l’entrepreneur de terrain qui s’affûte au fur et à mesure de l’expérimentation. 

FTV : On arrive donc à ton projet précédent Ezio, Courseur… correct ? 

SV : Oui, exactement. Courseur est né de cette conjonction. Il s’agissait d’un service collaboratif de livraison de courses, où comment mutualiser les trajets des personnes habitant en campagne pour leur faire gagner du temps et créer une collaboration sociale intéressante sur des territoires qui nécessitent la voiture. On s’est déployé au national, on a constitué une équipe de 7 personnes jusqu’à ce qu’on se rende compte que le modèle économique n’allait pas tenir.  Construire un modèle sur des aspirations personnelles, en espérant un changement de comportements, ça ne fonctionne pas !  Aussi louable soit elle, si la proposition n’est pas en adéquation avec un vrai besoin utilisateurs, c’est plié ! Fin 2019, on se retrouve sur le salon des services à la personne et c’est ce jour-là qu’on a rencontré nos futurs clients. Des dirigeants de structures sont venus nous voir en nous disant : les listes de courses c’est bien mais nous, on a un autre problème : le paiement ! Quand tu entends ça 10 fois, sur les 2 jours de salon, tu écoutes et tu pivotes. Ezio était né ! On a crée un logiciel permettant de résoudre les problèmes de sécurité des dépenses réalisées par les services d’aides à domicile pour leurs clients vulnérables. Depuis, on construit un produit capable d’optimiser un vrai besoin : payer les courses des personnes en situation de dépendance, offrir de la sécurité aux auxiliaires de vie et faire gagner du temps aux services d’aide à domicile. 

FTV : De toutes ces expériences, tu retiens quoi comme message à transmettre ? 

SV : Il faut savoir faire la balance entre l’obstination qui mène à l’impasse et le moment où il faut lâcher prise pour emprunter un autre chemin. Je suis le stéréotype de l’entrepreneur qui échoue et ce n’est pas très grave ! 95% des boîtes qui se crée échoue. Je fais aussi partie des 5% qui ne lâche pas l’affaire et pivote jusqu’à trouver le bon modèle. 

Aujourd’hui, j’ai compris que je peux gagner des sous, tout en étant utile à mes clients. C’est l’aboutissement de plus de 10 ans d’entreprenariat social. Avec Ezio, on tient un modèle où tous les feux sont aux vert : on vend, nos clients sont contents … c’est un projet que je veux développer et voir grandir. 

FTV : Merci Beaucoup !